Je vous propose une série de 4 interviews réalisées avec Béatrice Sabaté, Présidente de l’Association Discipline Positive France. Aujourd’hui, une présentation de son parcours et de sa rencontre avec la Discipline Positive. 

Pourquoi lire cette interview :

beatrice Sabaté portrait serré
Béatrice Sabaté, Présidente de l’Association Discipline Positive France

Béatrice Sabaté est psychologue clinicienne et maître formatrice en Discipline Positive. Elle a exercé pendant une quinzaine d’années à l’école, de la maternelle au lycée.

Lorsqu’elle a découvert la Discipline Positive aux Etats-Unis, elle y a trouvé non seulement des outils pertinents de mise en capacité pour les élèves mais une démarche à vivre aussi bien à l’école qu’en famille.

A son retour en France en 2010, Béatrice Sabaté forme les premiers formateurs français, et ensemble ils fondent l’Association Discipline Positive France avec mission d’informer et de développer la Discipline Positive en France.

Si vous ne deviez retenir qu’une idée :

La plupart des enfants que je recevais à l’école n’avaient pas besoin de moi en tant que clinicienne. Leur comportement, en classe et à la maison, disait « j’y arrive pas, je ne suis pas capable, je n’appartiens pas ». Mon raisonnement, a été « Comment peut-on aider ces enfants à développer leur sentiment d’être capable ? »

Entretien avec Béatrice Sabaté

Dans cette interview, vous verrez revenir 3 mots essentiels pour comprendre le travail de Béatrice Sabaté. Ces mots sont également présentés dans le glossaire.

La Discipline Positive : cette méthode éducative, ni permissive ni punitive, offre aux parents et enseignants un cadre à la fois ferme et bienveillant. Ferme, pour respecter le monde de l’adulte et bienveillant, pour respecter celui de l’enfant. Cette approche permet aux enfants, quel que soit leur âge, de développer avec confiance les compétences de vie dont ils ont besoin pour devenir des adultes épanouis.

Alfred Adler : médecin autrichien du début du 20ème siècle passionné par la psychologie, la psychanalyse, la pédagogie, fondateur de la psychologie individuelle. Il quitte les cercles psychanalytiques menés par Freud en 1911, pour défendre une psychologie proche de la vie réelle, ancrée dans la notion d’indivisibilité de la personne et prônant une motivation d’ordre social qui permettrait à chacun d’être en lien avec les autres. Les principes qu’il a énoncés –prolongés plus tard par un de ses disciples, Rudolf Dreikurs –sont le socle théorique de la Discipline Positive.

Jane Nelsen : docteur en psychologie de l’éducation, mère de 7 enfants, elle est la fondatrice de la Discipline Positive avec Lynn Lott. S’appuyant sur les travaux théoriques d’Alfred Adler et de Rudolf Dreikurs, elle les a rendus accessibles au grand public en créant une méthode pratique, la Discipline Positive, des ateliers pour parents et enseignants, et en écrivant plusieurs ouvrages dont La Discipline Positive, vendu à plusieurs millions d’exemplaires dans le monde.

 Magali : Comment s’est passée votre rencontre avec la Discipline Positive ?

Béatrice Sabaté : C’est une vieille histoire ! J’ai travaillé pendant 15 ans en école franco-américaine en tant que psychologue.

Je me suis aperçue que la grosse majorité des enfants que je recevais, de la maternelle au lycée, n’avaient pas de pathologie particulière.

Par leur comportement, en classe et à la maison, ils disaient « je n’y arrive pas, je ne suis pas capable, je n’appartiens pas ». Du coup, ce sont des enfants qui étaient en incapacité. Et mon raisonnement a été « Comment peut-on les aider à développer leur sentiment d’être capable? Ils n’ont pas besoin de moi en tant que clinicienne».

Et c’est drôle, parce que c’est à ce moment là que je suis tombée – peut-être pas par hasard ! – sur le livre de Jane Nelsen, la Discipline Positive, et en particulier sur ce tableau d’identification des besoins derrière les comportements. C’est un outil qui est simplifié, mais accessible aussi bien pour les parents que pour les enseignants. Donc, cela m’a intriguée… et je me suis découverte très Adlérienne !

Car pour Adler, inspirateur de la Discipline Positive, il y a peu de symptômes et de pathologies qui soient génétiques. Pour lui, un enfant qui a des comportements inappropriés, c’est avant tout un enfant découragé. Ce regard d’Adler sur la pathologie était d’une grande cohérence avec ce que je vivais au quotidien dans ma pratique. On s’est rencontrés comme ça !

Magali : Quand vous avez découvert ce livre de Jane Nelsen, La Discipline Positive, quelle a été l’étape d’après pour vous ?

Béatrice Sabaté : L’étape d’après, c’est que j’ai commencé à utiliser les outils de Discipline Positive dans ma pratique. Ensuite, je me suis formée.

Cela m’a apporté un plaisir nouveau dans ma pratique. Et en tant que personne, ça a changé le regard que je porte sur la vie.

Car l’approche d’Adler est d’un optimisme incroyable ! Selon lui, les choses ne sont jamais cristallisées. Par exemple :

– on peut aider un enfant à développer son sentiment d’appartenance, à trouver sa place ce qui, non seulement va avoir une incidence sur ses croyances mais également sur ses comportements.

l’erreur fait partie du processus d’apprentissage. Alors, l’erreur devient une information sur le chemin qui permet de progresser, d’ajuster ses choix.

Contrairement à l’approche freudienne, il y a toujours une opportunité de faire de l’incident et de l’adversité un apprentissage.

J’ai vu beaucoup d’approches, mais je trouve celle-ci particulièrement bien construite, avec une base théorique qui a du sens, et un pragmatisme qui vient de Jane Nelsen et Lynn Lott.

Magali : Et pour vous former, vous êtes allée aux Etats-Unis ?

Béatrice Sabaté : J’y habitais ! Je travaillais en école franco-américaine. Au fur et à mesure de ma formation, j’ai introduit la Discipline Positive à l’école auprès des élèves, des enseignants, des parents. Avec un très bon accueil !

Magali : C’est quand vous êtes revenue en France que vous avez créé l’Association Discipline France ? 

Béatrice Sabaté : C’était il y a 5 ans. A l’époque, j’étais formatrice certifiée en Discipline Positive et j’ai eu envie de développer l’approche en France. J’ai commencé avec les gens qui étaient autour de moi, de façon assez intuitive.

Nous avons créé l’Association Discipline Positive France (ADPF) en 2012. Et aujourd’hui nous sommes 70 formateurs. C’est une association en plein essor.

Magali : Merci, Béatrice Sabaté, pour cette présentation de votre parcours. La prochaine interview portera sur l’approche de la Discipline Positive : quels bénéfices concrets en attendre en tant que parent ! 

Pour aller plus loin

Consultez les deux livres de Jane Nelsen vendus à plusieurs millions d’exemplaires dans le monde, traduits et adaptés en français, par Béatrice Sabaté.

Pour en savoir plus, cliquez sur l’image : 

La Discipline Positive, Jane Nelsen
La Discipline Positive pour les adolescents, Jane Nelsen

10 Comments on Interview Béatrice Sabaté (1/4), pionnière de la Discipline Positive en France

  1. Article très intéressant!
    J’adhère vraiment à cette discipline positive et je pense que si on pouvait la mettre en place dans les écoles, cela améliorerait grandement la relation enseignants-enfants et même enseignants-parents!
    Et surtout, cette pédagogie positive aurait biens des effets bénéfiques sur les apprentissages…d’autant qu’il ne faut pas grand chose pour l’utiliser au quotidien, juste du bon sens, de la bienveillance, de la bonne volonté.
    Un enfant doit être encouragé pour qu’il soit en réussite, tiré vers le haut, il n’a pas besoin d’être rabaissé ou maltraité parce qu’il ne sait pas ou qu’il a échoué.
    On doit absolument changer notre manière d’enseigner et aussi d’élever nos enfants à la maison, en commençant par voir ce qui va bien, ce qui est positif avant de pointer ce qui ne va pas.
    Comme cette institutrice qui corrige les copies de ses élèves différemment : d’abord au stylo vert, elle souligne ce qui est juste et félicite les élèves pour cela; ensuite seulement, elle passe à la correction des erreurs.

  2. Dans certaines classe (de petites sections surtout) on commence à pratiquer des méthodes de pédagogie positive, à l’aide de tableaux d’encouragement, de mindmapping etc…
    Merci pour la découverte de ces ouvrages.

  3. Il faut encourager plutôt que complimenter. Et c’est l’action faite par l’enfant à l’instant T et non l’enfant lui-même qui doit être le sujet de l’encouragement pour décentrer l’action. Le responsabiliser afin qu’il gagne en confiance. Le tout dans un climat de bien-être, autour du jeu, de l’amusement, pour qu’il n’y ai aucune sensation de labeur.

    • Je rajouterais qu’il faut maîtriser ces émotions car ce sont elles qui nous conduisent à agir parfois de manière exagérée et non adaptée à une situation. Le recul et la réflexion sont indispensables à une parfaite maîtrise de la pédagogie positive.

  4. Bonjour, je m’appelle Marine et j’ai un fils de 7 ans qui a beaucoup de problème À l’école il est assez violent avec ses camarades ainsi que les adultes je suis démuni face à cette situation car cela dure environ depuis la moyenne section est rentré cette année en CE1 et au bout de deux jours j’ai été voir la maîtresse pour savoir comment il se comporter elle m’a expliqué que Paul était violent mais sans s’en rendre compte il a des crises de colère pour des choses insignifiantes je ne sais plus quoi faire avec lui malgré les rendez-vous au CMP avec une psychologue rien ne change à la maison il commence également à être insolent et réponds à moi et à son père il a une petite sœur de deux ans avec qui pour l’instant tout va bien sauf quand celle-ci Fais des choses qu’elle n’a pas le droit comme monter sur le canapé ou prendre un objet qui est interdit il a dispute comme si c’était lui le parent alors qu’on essaye de lui expliquer que je suis là ou que son papa est là je suis démuni face à cette situation je ne sais plus quoi faire auriez-vous une idée une solution pour m’aider

  5. Bonsoir Magali,

    Ci-dessous le mail que j’ai reçu de la directrice de l’école de mon fils, mon fils vit avec sa mère. J’ai un droit de garde et d’hébergement classique, un week-end tous les 15 jours.

    Et la relation avec sa mère n’est pas au beau fixe, depuis 2019 mon fils vit un conflit de loyauté imposé par sa mère et sa grand-mère. Disqualifier le père que je suis, en vous passant les détails.
    Je me suis entretenu avec la psychologue de l’école aujourd’hui et demain avec la directrice.
    La psychologue me parle du CMPS et du RESAD… merci pour votre aide.

    « Afin de mieux canaliser le comportement de Paul-Albin en récréation, nous lui demandons dès ce mardi 16 mars, de jouer à proximité des enseignantes de service de récréation.
    Il est important que Paul respecte cette règle et obéisse aux enseignantes quand on lui demande de se calmer, de se mettre à l’écart.(refus de sa part hier lundi 15 mars : n’a pas voulu aller se calmer )
    J’ai des plaintes d’enfants et de parents, Paul-Albin insulte, provoque physiquement, insiste pour se bagarrer, donne des coups de poing, des coups de pieds, des coup de coude durant les récréations et dans les rangs. Ces problèmes se passent aussi durant le temps de restauration scolaire.
    Des parents m’ont dit vouloir déposer une plainte si les problèmes avec Paul continuent.
    Je compte sur vous pour en parler avec Paul »

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