Vous vous intéressez à l’éducation bienveillante et aux écoles alternatives ? Vous réfléchissez à une école Montessori pour votre enfant ? Il y a 4 ans, Julien Péron, ancien dyslexique et dysorthographique, crée le Festival pour l’Ecole de la Vie, avec pour objectif de mettre en contact les acteurs d’une éducation positive autour de quelques valeurs communes : bienveillance, créativité, coopération. J’ai le plaisir de vous présenter aujourd’hui une interview réalisée avec Julien sur les raisons qui l’ont amené à créer ce rendez-vous… et ce qui vous y attend !
Info utile : Le Festival pour l’Ecole de la Vie revient du 21 au 23 septembre au Château de Flaugergues, à Montpellier. Pour sa 4ème édition, le Festival attend 15.000 visiteurs, avec 40 conférences autour de l’éducation, 300 exposants, dont des dizaines d’écoles alternatives. Plus d’informations en cliquant ici
Note : Cette interview a été réalisée il y a pile un an, en juillet 2017, mais n’a rien perdu de son actualité… c’est pour cela que je la repartage aujourd’hui dans sa version texte 😉 Pour visionner la vidéo, c’est par ici
Interview : Pourquoi le Festival pour l’Ecole de la Vie ?
Magali : Bonjour et bienvenue ! J’ai le plaisir de vous présenter aujourd’hui une interview réalisée avec Julien Péron. Julien c’est le fondateur du Festival pour l’Ecole de la Vie, qui est devenu en 3 ans un rendez-vous majeur pour les acteurs de l’éducation et de l’école alternative.
Alors quel est le constat de Julien Péron sur l’école traditionnelle ? Et quel est l’objectif du Festival pour l’Ecole de la Vie ? C’est ce que vous allez découvrir dans cette interview… Je vous emmènerai aussi dans les coulisses… où vous verrez ma surprise quand j’apprend par quels détours est né le Festival pour l’Ecole de la vie !
Vous savez tout ! Je vous dis à tout de suite dans les commentaires en bas de cette vidéo !
Magali : Quelles sont les principales difficultés de l’école française qui vous ont poussé à créer le Festival pour l’Ecole de la vie ?
Julien Péron : J’étais un enfant dyslexique et dysorthographique pendant ma période scolaire. De ce point de vue, on peut considérer qu’il n’y a pas vraiment eu d’avancées.
Ceci dit, il faut quand même souligner que les enseignants font de leur mieux, que des directives intéressantes passent au sein de l’Education nationale, qui sont mises en place dans certains établissements. Même si il y a un manque de formation pour les enseignants, et aussi un manque de financement, il ne faut surtout pas leur tirer dessus !
Car il y a aussi beaucoup d’initiatives positives. Après, s’il y a des freins, c’est qu’on est en 2017 et le sentiment qu’on peut tous avoir – quand je dis tous ce sont les parents, les enfants et les enseignants – c’est que le système n’a pas vraiment évolué. Qu’il n’a pas vraiment évolué avec les enfants d’aujourd’hui, qui sont complètement différents des enfants d’il y a même une vingtaine d’années.
Cela nécessite un changement en profondeur, qui n’est pas si important que ça, mais cela nécessite que l’école s’adapte et qu’elle propose d’autres solutions. Alors on parle beaucoup des courants alternatifs, mais il y a tellement d’autres professionnels super-héros comme je les appelle, qui se mobilisent pour l’accompagnement des enfants, des parents et des enseignants… et qui pourraient très bien intégrer l’Education nationale. Ou former des enseignants en leur apprenant des approches de ces enfants différents. Et puis ces enfants qui n’ont plus envie d’aller à l’école parce que l’école ne les anime plus du tout, ne correspond plus aux besoins que eux peuvent avoir pour le futur.
Magali : Ce décalage entre l’école et les enfants d’aujourd’hui, cela se concrétise comment selon vous ?
Julien Péron : C’est surtout que ces enfants sont différents. Si on prend juste l’aspect physiologique, ils utilisent leur cerveau de manière complètement différente. Ils ont une créativité qui est différente de ce que l’on avait nous enfants. Parce que l’on est dans une société qui est différente d’il y a 30 ans. Et à l’avenir, ces enfants sont plus dans une dimension de créer et de générer une activité qui leur correspond et pas forcément de se retrouver dans un job alimentaire. Ils ont vraiment envie de donner du sens, d’apporter quelque chose pour eux, mais au-delà de cela d’apporter quelque chose pour la société. Et on voit bien que l’école nous formate dans un certain modèle, dans une certaine boîte, qui ne leur correspond plus.
Magali : Est-ce que cela veut dire que les enfants sont influencés par l’environnement dans lequel ils évoluent, un environnement qui a changé ?
Julien Péron : Complètement ! Il faut comprendre qu’aujourd’hui un grand nombre d’enfants ne regardent plus la télé. Ils ont accès directement à l’information sur Internet, notamment sur Facebook, qui est devenu l’outil où on a l’information avant que cela passe à la télé. Et donc ils ont largement, suffisamment et même beaucoup trop d’informations ! On parle beaucoup de YouTubeurs. On a affaire à une demande d’informations et à un accès à l’information qui n’ont rien à voir avec ce que nous avons pu vivre quand nous étions enfants. Je ne sais pas quel âge vous avez ? Moi j’ai 38 ans…
Magali : Nous sommes de la même génération 😉
Julien Péron : Donc on est très loin de tout ça ! Et puis le système scolaire n’a pas assez évolué. On nous met encore en compétition, alors qu’on n’a pas du tout envie d’être en concurrence. On a besoin de coopération et de co-créativité. On nous coupe de notre liberté de réfléchir, alors que nous avons un potentiel de créativité et de réflexion très tôt ! Il suffit de faire des cours de philo avec des enfants de 7-8 ans et vous êtes impressionné des réflexions qu’ils peuvent avoir ! De ce point de vue-là, l’école n’a pas vraiment évolué.
Magali : Est-ce que l’objectif du Festival pour l’Ecole de la vie était justement cela, de mettre en lumière des initiatives qui ne sont pas assez mises en avant au quotidien ?
Julien Péron : Le Festival pour l’Ecole de la vie a plusieurs objectifs. Un des premiers objectifs c’est effectivement de mettre en lumière des acteurs. Il y aura 200 exposants sur le Festival. Ce sont des acteurs qui se mobilisent pour accompagner les enfants, les parents et les enseignants. Sur des techniques et des outils que l’on ne connaît pas forcément. Il y a des approches qui sont très connues : Montessori, Freinet, Steiner, ces courants alternatifs et pionniers en France. Après il y a aussi plein d’autres acteurs et professionnels qui peuvent accompagner au mieux.
Ensuite, il y a des conférences au Festival pour l’Ecole de la vie. Les conférenciers sont là pour donner leur point de vue sur une thématique précise, rattachée au monde de l’éducation. L’un des objectifs du Festival à travers les conférences et à travers les conférences, c’est aussi de semer des graines. Nous avons envie d’inspirer des gens autour de nous. Nous attendons 12.000 personnes cette année qui vont venir de la France entière et qui sont autant d’acteurs.
Ces acteurs vont se connecter de la même façon, ce sont des personnes qui sont toutes animées par ce changement, animées aussi pour co-créer des choses. Et nous le voyons très bien, cela fait déjà 3 ans que le Festival pour l’Ecole de la vie a lieu, et il se passe pleins de choses après le Festival. C’est un des objectifs : semer des graines, inspirer les participants, et puis après les graines ça met du temps à pousser ! Parfois ça peut être très rapide, parfois cela prend plus de temps…
Et nous le voyons très bien – et je pense que vous le voyez bien aussi de votre côté en mettant en place votre projet – nous sommes quasiment en train de changer de paradigme. Et je trouve cela très excitant : tout change, il y a des prises de conscience à tous les niveaux. Et je pense que l’éducation est un volet primordial. Mon sentiment, c’est que tout part de là. Si nous voulons une société meilleure, je pense qu’il faut vraiment que nous nous intéressions à notre modèle éducatif et que nous puissions accompagner les enfants vers un mieux-être plutôt que vers avoir et posséder.
Magali : Oui, notre avenir s’écrit maintenant ! Alors 12.000 visiteurs c’est un chiffre énorme (et 15.000 attendus en 2018). C’est le plus gros salon de l’éducation alternative en France ?
Julien Péron : Alors ce n’est pas vraiment un salon !!! C’est un Festival parce que nous sommes en plein air.
Magali : C’est vrai que le cadre a l’air plus sympathique qu’un hall du Parc des Expositions porte de Versailles à Paris 🙂
Julien Péron : Nous nous retrouvons en plein air, dans un lieu magnifique, classé au patrimoine, qui abrite le Château de Flaugergues. Il y a un parc arboré avec des forêts de bambous, des arbres et des plantes endémiques.
Nous sommes dans un lieu qui est très, très beau et qui contribue à ces bonnes énergies qui vont se dégager pendant le Festival. Comme nous sommes dans le Sud, à Montpellier, nous avons la chance d’avoir le soleil qui nous accompagne.
Et puis les gens qui participent sont dans cette dimension de bienveillance. On ressent beaucoup de joie, de bonheur, d’amour, de co-création. C’est vraiment un événement qui devrait être incontournable parce que ce sont des personnes qui viennent de partout et qui vont partager pendant 3 jours quelque chose de commun. Et ça c’est assez rare !
Magali : J’ai vu que vous avez de très belles têtes d’affiche. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le programme des conférences ?
Julien Péron : Pour découvrir le programme, le mieux c’est d’aller sur le site Internet du Festival ! Vous allez sur Google, vous tapez « Festival pour l’Ecole de la Vie » et il y a une rubrique « Programmation » dans laquelle il y a tout le programme. Parce que le programme est long : il y a 40 conférences, des animations, des spectacles, 2 concerts… enfin il se passe beaucoup de choses pendant ces 3 jours ! Je peux vous dire qu’il y aura André Stern, Isabelle Filliozat, David Laroche, Marie-Françoise Neveu… pour les plus connus. Il y aura aussi Jonathan Lehmann, Sophie Rabhi qui nous font le plaisir de venir… je vais en oublier plein, car il y en a beaucoup !
Magali : Il y aura aussi Jeanne Siaud-Facchin !
Julien Péron : Oui exactement ! Peut-être que vous avez les noms, vous, sous les yeux !
Magali : Non, je ne les ai pas non plus ! J’y pense parce que j’apprécie beaucoup ce que fait Jeanne Siaud-Facchin pour diffuser la méditation auprès des enfants et surtout sa façon de présenter cette pratique, qui dédramatise et en donne une vision qui s’intègre avec simplicité dans le quotidien.
Julien Péron : Jeanne Siaud-Facchin fait partie pour moi de ces acteurs qui sont très connus dans leur sphère – elle a créé Cogitoz en 2003, il y a plus de 14 ans – mais pas encore connus du grand public. Et c’est un peu ça notre idée au travers du Festival : c’est de mettre en lumière tous ces acteurs qui se mobilisent depuis 1 an, 2 ans, 10 ans, 20 ans, 30 ans. Mais on n’en entend pas parler, alors qu’ils ont des solutions très pertinentes. Il y a au Festival plein de conférenciers qui sont très connus dans leur sphère et qui nous font le plaisir de venir au Festival. Il y a un jeune homme aussi, David Laroche, je ne sais pas si vous le connaissez ?
Magali : Oui, j’ai vu ses vidéos qui sont bourrées d’énergie !
Julien Péron : C’est un jeune homme qui a 26-27 ans, qui a commencé très tôt, et qui est amené à coacher des personnes en France et aux Etats-Unis. Et il est très inspirant, car il peut représenter justement cette génération qui a envie de se bouger et d’insuffler quelque chose de positif.
Magali : Fantastique, l’ambiance, le cadre, la programmation… ça donne très envie d’y aller !
Julien Péron : J’espère !!
Les coulisses : Comment est né le Festival pour l’Ecole de la Vie ?
Julien Péron : L’origine de ce Festival, c’était un pique-nique. Et puis ça a pris une ampleur inattendue… un peu à l’image de ce que vous avez vécu avec Parents du 21ème siècle. Je ne sais pas si vous le savez, mais nous avons le projet de créer une Ecole de la Vie, une école pour les enfants.
Magali : Non, je ne savais pas !
Julien Péron : Nous faisons ce Festival aussi parce que nous avons le projet de créer une école pour les enfants. Et tout est parti de là. Il y a 3 ans, j’ai écrit en ligne mon projet d’ouverture d’école. On en a parlé à travers de notre réseau. Et ça a créé un buzz comme vous l’avez vécu avec Parents du 21ème siècle. Nous avons reçu plus de 600 e-mails en 3 mois !
Je ne pouvais pas répondre convenablement à tout le monde, du coup j’ai proposé qu’on organise un pique-nique géant, que chacun vienne avec de quoi manger, qu’on se retrouve pour créer du lien, qu’on puisse avancer ensemble sur cette thématique.
Et ce pique-nique s’est transformé en Festival ! Des gens se sont proposés de donner des conférences, d’autres d’installer des stands et de vendre des objets… nous avons dit pourquoi pas et 600 personnes sont venues de toute la France.
Tous les participants étaient tellement motivés qu’à l’issue de ce premier Festival, nous nous sommes dit « Ce n’est pas possible, on ne peut pas rester là-dessus, c’était génial ! ». Nous avions passé un superbe moment, il fallait trouver un lieu plus accessible à tout le monde. Et nous avons trouvé le Château de Flaugergues à Montpellier.
Magali : C’est une aventure incroyable !
Julien Péron : Oui, nous sommes passés de 600 personnes pour la 1ère édition à 9.000 personnes l’année dernière. C’est un bond de géant !
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