Le roi, c’est moi !

Cet article participe à une réflexion proposée par Jennifer, du site Astuces Bienveillantes, à un groupe de blogueurs « L’éducation bienveillante, c’est quoi ? ». Vous retrouverez les contributions du collectif en cliquant ici

Année après année, le constat est le même, que l’on consulte les études nationales ou les enquêtes internationales telles que PISA : le niveau moyen des élèves en France ne cesse de baisser, les inégalités se creusent, les élèves en grande difficulté sont de plus en plus nombreux et les excellents élèves se font de plus en plus rares.

La faute à qui ? La faute à quoi ?

Il est un coupable qui revient souvent : le manque de discipline, le laxisme dans les écoles. Notre école est cassée, car nous avons renoncé à l’exigence, à la discipline, aux sanctions, bref à tout ce qui faisait que nos grands-parents – et nos parents après eux – filaient droit à l’école et en ressortaient en ayant appris quelque chose. La fin du latin au collège et l’abandon des heures de colle après l’école vont de pair.

Dans notre pays où les coups de règles sur les doigts ne choquaient personne il n’y a pas si longtemps, les exclusions de la classe et les lignes de punitions apparaissent bien souvent comme le meilleur rempart contre la dégradation du niveau des élèves et les problèmes de discipline.

Mais est-ce vraiment si simple ?

Priver les élèves perturbateurs de récré est-il LA solution aux problèmes de l’école ?

 

Comment font les meilleures écoles mondiales, celles qui obtiennent les meilleurs résultats ?

Souvenir d’une discussion entre la directrice d’une de ces écoles et une maman :

– La maman : Mais il n’y a pas beaucoup de punitions dans votre école ?

– La directrice : Non, il n’y en a plus. C’est une tendance qui s’est enclenchée il y a une vingtaine d’années. En nous appuyant sur les avancées scientifiques et sur les expérimentations d’autres écoles d’excellence, nous avons découvert que l’éducation par les punitions nous limitait, ne donnait pas les meilleurs résultats.

– La maman : Ah ? Mais vous faites comment ?

– La directrice : Nous avons appris que l’encouragement, le travail positif sur les comportements fonctionnent beaucoup mieux dans notre objectif d’offrir une éducation d’excellence qui mène à la réussite de tous nos élèves.

Ainsi, dans ces écoles, la bienveillance a remplacé la sévérité. Elles utilisent au maximum l’encouragement, recherchent l’adhésion à des règles communes que les élèves intègrent année après année comme nécessaires pour que la classe fonctionne.

Et en même temps ces écoles n’ont rien lâché de l’exigence sur le niveau, sur les résultats, sur la qualité du travail rendu. Au contraire, l’exigence y est immense et les résultats académiques excellents. A vrai dire, elles ont choisi la bienveillance non pas par principe, mais parce qu’elles ont découvert que c’est, en pratique, le levier le plus efficace pour obtenir les meilleurs résultats scolaires.

Faire marcher ensemble bienveillance et exigence pour que les enfants libèrent leur plein potentiel, pour assurer la transmission des savoirs, pour éduquer des citoyens responsables et capables d’agir, guidés par d’excellentes capacités de réflexion.

Un programme enthousiasmant, non ? Qu’en pensez-vous ? Laissez votre avis dans les commentaires ! 

 

Crédit photo : rodjulian

14 Comments on Ecole : la bienveillance fabrique-t-elle des rois fainéants ?

  1. Entièrement d’accord ! La bienveillance : c’est bien là, la clé de la réussite. C’est tellement plus motivant et valorisant pour nos enfants et d’ailleurs, j’imagine aussi, pour les enseignants !
    Chacun a à y gagner : parents, enfants et enseignants.

    • Bonjour Estelle,

      Merci pour ton commentaire !

      Bien vu, la bienveillance réveille la motivation : « j’apprends non plus parce que j’ai peur de la sanction, mais parce que je suis motivé de moi-même à apprendre ». Maintenant, cela demande un réel savoir-faire et des outils dont il serait sympa d’équiper nos enseignants, cela leur rend le climat dans la salle de classe tellement plus agréable 🙂

      A bientôt,
      Magali.

  2. Tout à fait d’accord Magali! L’enfant a besoin de soutien, basé sur l’intelligence du coeur, plutôt que de sanctions et punitions rigides et limitantes. Oui à la collaboration plutôt qu’à la rébellion, à la sécurité et à la confiance en soi plutôt qu’à la menace et à la peur. Oui à l’éveil de l’humain dans l’homme! Mais il est vrai que nous, adultes, n’ayant pour la plupart pas bénéficié d’une telle éducation, avons un travail sur nous-mêmes à faire, pour accueillir nos propres émotions, nos propres peurs et croyances limitantes. Nous devons commencer par apprendre et appliquer la bienveillance avec nous-mêmes! C’est un merveilleux chemin que les enfants nous invitent à explorer. Moi-même passionnée par toutes ces questions d’éducation (je suis maman et enseignante en primaire), j’en profite pour te remercier pour ce blog riche en partages et plein de bon sens!

    • Bonjour Audrey,

      Merci pour ton message !

      Oui c’est bien vrai, la bienveillance n’est pas simple pour notre génération d’adultes. Il y a à la vivre et à l’incarner, comme tu l’écris si joliment. Et pour être bienveillants sans être indulgents, nous avons à développer une « boîte à outils » qui vienne remplacer notre panoplie de punitions-sanctions… et cet aspect pratique n’est pas aussi simple qu’il en a l’air 😉

      A bientôt,
      Magali.

  3. Je suis partiellement d’accord, car il me parait difficile d’allier bienveillance et exigence… Pour moi avoir des attentes (elevees) sur un enfant ne peut pas etre bienveillant. Ca reviendrai a lui dire : tu n’es pas assez bien aujourd’hui donc il faut travailler pour que tu sois mieux demain. Or, dire a un enfant qu’il n’est pas assez bien aujourd’hui n’est pas bienveillant.

    Apres j’imagine que tout depend de la facon dont c’est amene bien sur. Mais decider pour l’enfant ce qu’il doit savoir ou vers quoi il doit tendre, ce n’est a mon avis pas tellement respectueux.

    Nos enfants sont des mines d’or tels qu’ils sont. Ils ont des capacites immenses, il suffit de leur donner de quoi les mettre en oeuvre afin qu’ils se developpent harmonieusement et montrent leur plein potentiel. Selon moi nous devons suivre les enfants plutot que de leur demander de nous suivre.

  4. Bonjour,

    J’enseigne en LEP. Je vois le résultat de cette « bienveillance » tous les jours. Abêtissement et irrespect. Des jeunes qui ne veulent pas travailler. Un système éducatif qui tire vers le bas. Les seuls qui s’en sortent, les bien-élevés (en LEP) et en lycées généraux, ceux qui ont un appuis culturel rigoureux dans leur famille. La bienveillance c’est du « pipi de chat », venez faire une journée de cours de mon établissement qui est « calme », vous verrez les conséquences de ce discours. J’ai 35, je ne suis pas un vieux con aigri. J’aime mon métier. Mes élèves savent qu’avec moi il faut bosser et être rigoureux… la bienveillance…pffff …. et je ne suis pas le seul à le penser. Bertrand un petit PLP

    • Bonjour Bertrand,

      Je pense que peut etre vous confondez bienveillance avec laxisme… La bienveillance ne veut pas dire laisser les enfants faire ce qu’ils veulent et se comporter comme ils veulent.
      Et par ailleurs qu’est ce qu’un enfant « bien-eleve »? Les criteres ne sont pas les meme pour tous.

      Je suis d’accord avc vous pour dire que beaucoup d’enfants/ jeunes ne veulent pas travailler mais je ne suis pas d’accord sur la cause.
      La plupart des parents ne pratiquent pas la bienveillance (meme s’ils le pensent). La majorite des familles pratiquent les jugements et les VEO (violences educatives ordinaires). Donc la plupart des jeunes dont vous parlez viennent de ces familles qui ne sont pas bienveillantes.

      Et selon moi on peut bosser et etre rigoureux avec bienveillance. Apprendre est merveilleux, gratifiant, epanouissant, enrichissant, passionant, stimulant, edifiant…et j’en passe. Alors, le faire avec rigueur et serieux est possible.
      Le probleme est que l’on inculque aux enfants qu’apprendre est dur, chi…t, emmerd…t, difficile, ennuyeux voire inaccessible…. Comment voulez vous qu’ils soient motives ?

  5. Bonjour Magali,

    Merci pour cet article. En tant que professeur des écoles, je trouve très intéressant de lire votre point de vue de parents. Je pense que du côté des enseignants, la baisse du niveau des élèves n’entraîne pas une réflexion sur la discipline mais plutôt sur la pédagogie. Comment faire comprendre les notions ? Comment faire progresser les élèves ? Ce sont des questions que nous nous posons quotidiennement. Evidemment la forme joue également et il est certain qu’il est toujours positif d’encourager un élève mais le fond prime.

    La manière d’enseigner a beaucoup évolué durant les dernières décennies : vous et moi avons appris de nombreuses choses sans les comprendre (je pense notamment à la technique opératoire de la soustraction). Maintenant, les apprentissages doivent faire sens aux élèves. Bref, comme vous le dites l’école a bien changé ! Sachez que les notions de bienveillance, de sanctions/réparations (et non de punitions) sont des thèmes qui sont dorénavant très souvent abordés dans la communauté enseignante.

    J’en profite rapidement pour ajouter une petite chose : à l’ESPE, sans rejeter les mauvais résultats des différentes enquêtes internationales, on nous a conseillé de les nuancer : en effet, en France, nous sommes très pessimistes, nous avons peur de l’erreur, de l’échec. Cet état d’esprit explique en partie notre niveau déplorable dans les langues étrangères : nous n’osons pas parler anglais de peur d’être ridicule… Il en est de même pour les enfants. Face à une situation problème, il n’est pas rare que les élèves français n’osent faire l’exercice. C’est triste et c’est aussi à l’école de transmettre la confiance en soi… via la bienveillance.

    J’arrête là ! Je suis trop bavarde !

    Bonne continuation à vous !

    • Bonjour Brhr,

      Un grand merci pour votre commentaire, c’est un plaisir de lire ici aussi le point de vue d’enseignants 🙂

      A bientôt,
      Magali.

  6. Bonjour LNBL.
    Tu écris: « Avoir des attentes élevées sur un enfant ne peut pas être bienveillant. Ca reviendrait à lui dire: Tu n’es pas assez bien aujourd’hui, donc il faut travailler pour que tu sois mieux demain.  »
    Pour moi il est fondamental d’avoir des attentes élevées sur un enfant, mais pas en projetant sur lui ce que nous voulons nous. Il s’agit de voir le meilleur en lui-même, et de l’accompagner pour qu’il croisse encore et toujours vers son propre accomplissement. Une plante porte déjà en elle les futurs fleurs et fruits. L’enfant porte en germe le secret de lui-même. Pour ma part, j’interprèterais l’exigence comme ceci: « Tu es déjà une belle personne aujourd’hui, et tu es sur la bonne voix pour être et exprimer le meilleur de toi demain.  » Voici une vidéo géniale de Rita Pierson qui résume à mes yeux l’importance capitale du regard que l’on porte sur l’enfant, et qui rejoint le coeur de ce débat. Quand l’un a foi en l’autre, l’autre le ressent, il est touché au plus profond de son âme, et c’est cela qui va lui donner envie, de lui-même, de se dépasser et de se révéler, gagnant en prime confiance en lui. Et l’accompagnant, qui a toujours en conscience l’être en devenir, le potentiel « fleur et fruit de la plante », va être à ses côtés pour l’épauler lors des moments de doute et de perte d’élan. Bienveillance et exigence.
    https://www.ted.com/talks/rita_pierson_every_kid_needs_a_champion?language=fr#t-449976

    • Bonjour Audrey,

      Merci pour le partage !

      J’adore cette intervention de Rita Pierson, quelle boule d’énergie, quel enthousiasme « Et nous, les enseignants, nous devenons de grands acteurs […] et nous continuons à enseigner » 🙂

      A bientôt,
      Magali.

  7. Bonjour et merci pour cet article
    Merci également aux commentateurs qui entretiennent le débat.
    L’enfant roi, le paresseux, l’insolent et le désobéissant sont tous les enfants issus de l’éducation positive/bienveillante, à en croire les refléxions que je peux entendre autour de moi quand je parle de la façon dont j’élève mon p’tit gars.
    Pourtant dans la réalité des faits il n’en n’est rien. Un enfant élevé dans la bienveillance connait les règles et le cadre. Il y a tellement à dire que le commentaire serait trop long si je ne me retenais pas un peu…
    Je pense très sincèrement que notre système éducation est à transformer en profondeur et non par quelques réformes par-ci par-là qui changent au grès des gouvernements.
    Que l’enfant puisse exprimer son plein potentiel, qu’il ose et qu’on le laisse expérimenter. Si l’adulte pouvait sortir de ses peurs et faire confiance à l’enfant, la société serait totalement gagnante.

    • Bonjour Caroline,

      Merci pour le partage de votre expérience ! L’idée que « un parent positif/bienveillant fabrique un enfant roi » est un préjugé que la recherche en psychologie a fait tomber il y a quelques années déjà (note : l’article cité est en anglais, à ma surprise je n’ai pas trouvé d’article aussi précis en français). Toute explication, répétition de ce message encore novateur est la bienvenue… j’en profite pour vous féliciter pour votre blog 🙂

      Encore faut-il préciser, pour ne pas effrayer à tort son entourage encore emprunt d’un modèle autoritaire 😉 ce qu’est la définition du parent ou de l’enseignant positif : ce n’est pas celui qui laisse tout faire (permissif) ni celui qui se tient à distance (désengagé). C’est celui qui sait poser des attentes élevées pour l’enfant, dans le respect de ses capacités, tout en lui apportant le soutien dont il a besoin pour y arriver

      Au plaisir de vous retrouver sur Parents du 21ème siècle,
      Magali

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