Cannabis saisie police sécurité enfants
Saisie record de cannabis : des parents consommateurs ?

Curieux télescopage d’actualités ces derniers jours.

Dimanche, il y a une semaine, amusée par l’annonce d’une saisie record de cannabis dans le 16ème arrondissement de Paris – oui, c’est le lieu qui a suscité ma curiosité ! – je lis l’article qu’y consacre Le Parisien.

Au détour des détails croustillants d’un journal toujours bien informé des faits divers dans sa ville, une phrase retient mon attention.

Cette fois-ci sérieusement « Bien que la consommation de cannabis soit illégale, les Français sont les premiers consommateurs européens selon les chiffres de l’OEDT (Observatoire européen des drogues et des toxicomanies) »

Vu l’ampleur du phénomène, je me dis qu’il doit bien y avoir des parents parmi ces consommateurs. Un sujet à creuser pour un prochain article ?

La réponse arrive le lendemain, sous la forme d’un nouvel article dans le même journal « Cannabis : de plus en plus de très jeunes enfants intoxiqués ». Cette fois-ci, l’amusement m’a quittée. Pour faire place à la volonté de partager avec vous des conseils de base afin d’éviter les accidents et de savoir quoi faire quand il est trop tard.

Remarque importante : vous ne trouverez pas sur Parents du 21ème siècle de jugements, d’étiquettes de « bon » ou « mauvais » parent. Loin de moi donc l’idée d’engager un débat « Peut-on être un parent responsable et fumer du cannabis ? ». Dans cet article, vous trouverez uniquement des règles de base pour assurer la sécurité de vos enfants.

 

Que font les enfants pour leur 1ère rencontre avec cette plante euphorisante ?

Vous serez peut-être surpris de découvrir que les enfants, surtout les plus petits, n’ont aucune idée que le cannabis se fume. Donc que font-ils ? Comme avec tout ce qu’ils découvrent de nouveau, ils l’avalent pour goûter et se faire une opinion !

En 2014, près de 250 enfants – majoritairement des moins de 2 ans – ont été hospitalisés pour cause d’intoxication au cannabis, selon l’Agence du médicament (ANSM). Un chiffre limité certes, on ne parle pas de milliers de cas. Mais en augmentation de 60% par rapport à 2013 : ça c’est préoccupant.

Avaler du cannabis, est-ce réellement dangereux pour mon enfant ?

Les risques sont sérieux. L’intoxication se traduit par « une somnolence avec des phases d’agitation, des vomissements, des tremblements, des convulsions, une détresse respiratoire, voire un coma » rapporte l’Agence du médicament.

Pour 9 enfants sur les 250 hospitalisés en 2014, le pronostic vital a été engagé. Fort heureusement, tous ont finalement été guéris. Au prix d’une belle frayeur pour leurs parents.

1 règle de base : planquez votre herbe et votre résine !

Joint herbe résine hors de portée
Hors de portée et à fumer loin des enfants…

La règle la plus immédiate est simple : planquez votre herbe et votre résine.

Mettez-la sous clé et en hauteur : avec les autres drogues (légales) dans l’armoire à pharmacie, dans votre coffre-fort, dans une boîte métallique fermant à clé, dans un tiroir ou un placard fermé avec un cadenas… laissez libre cours à votre imagination.

J’en profite pour ajouter rapidement 4 règles de base sur votre utilisation de cannabis en tant que parent.

Reportez à plus tard le plaisir d’un joint quand :

  • Vous êtes enceinte ou vous allaitez
  • Vous allez prendre la route avec vos enfants attachés à l’arrière… et même avant de prendre le volant tout court, vos enfants vous préfèrent vivants et en bonne santé
  • Il y a des enfants dans la pièce ou il y en aura dans les heures qui viennent. Pitié pour leurs neurones en construction : aérez la pièce pendant plusieurs heures après avoir fumé.
  • Votre bébé dort dans votre lit (co-dodo). Que vous soyez « pour » ou « contre » le co-dodo, que vous le pratiquiez occasionnellement ou comme un principe d’éducation, une règle de sécurité est essentielle : ne prenez jamais votre bébé dans votre lit quand votre cerveau est sous l’emprise d’une drogue légale (somnifères, anti-dépresseurs…) ou illégale (cannabis…). Votre état de vigilance est modifié – pour ne pas dire disparaît – et vous prenez le risque d’écraser votre bébé en bougeant.

Vous venez de retrouver votre enfant rassasié et en plein roupillon à côté de votre herbe, que faire ?

SAMU urgences hôpital
Le SAMU au secours de votre enfant

Une seule bonne réponse : appeler immédiatement le SAMU en décrivant très exactement ce qui s’est passé. Donnez tous les détails possibles :

– Où vous trouver : votre nom, numéro de portable, adresse, code d’accès à l’immeuble…

– L’état exact de votre enfant : somnolent, agité, vomit, tremble, a du mal à respirer, ne répond plus

– Ce qu’il a avalé : la forme (herbe ou résine), la quantité approximative, la qualité si vous la connaissez (concentration moyenne ou élevée en THC – tétrahydrocannabinol)

Surtout, ne cachez pas la cause de l’intoxication :

Ca n’est pas le moment de vous demander si le SAMU va vous dénoncer à la police.

Ca n’est pas non plus le moment d’avoir honte ou de ne pas assumer.

Rassurez-vous, vous aurez le temps de culpabiliser plus tard.

Vous aurez aussi tout le temps, une fois que votre enfant est pris en charge par les urgences, d’inventer une autre histoire pour la famille et vos amis si ça vous est plus confortable.

Et si des policiers viennent vous poser des questions, vous leur répondrez en ayant la bonne conscience d’avoir sauvé votre enfant.

Cet article est une information importante à diffuser aux parents.

Partagez-le sur Facebook, Twitter, LinkedIn, par mail auprès de vos amis pour qu’un maximum d’entre eux soient informés du risque et de la marche à suivre pour protéger leurs enfants !

 

Crédit photo : Steve LovegroveMonkey BusinessOutStyle

6 Comments on Parents amateurs de cannabis, planquez votre herbe !

  1. Bonne idée d’en parler. C’est tellement tabou et culpabilisant pour les parents (enfin je suppose, moi j’avais arrêté avant d’avoir des enfants mais mon grand a commencé et il s’achemine vers l’âge d’être parent à son tour !)

    • Bonjour Françoise,

      Merci pour votre partage d’expérience ! Il est dommage que ce sujet soit tabou, j’aimerais qu’un maximum de parents soient clairement informés de la façon de protéger leurs enfants, quelque soit le choix qu’ils font pour eux-mêmes.

      A bientôt,
      Magali.

  2. Bonjour, et bravo pour cet article. Je remarque juste cette phrase « Pitié pour leurs neurones en construction » qui n’a pas de sens, car le cannabis n’est pas neurotoxique (contrairement à l’alcool, à la nicotine, et à de nombreux médicaments). Au contraire, certains cannabinoïdes protègent les neurones de la dégénérescence tout en favorisant la neurogenèse. Bonne continuation à vous 🙂

    • Bonjour Julien,

      Merci pour vos encouragements et la réserve que vous apportez sur la neurotoxicité du cannabis ! Je ne pensais pas avoir mis le doigt sur un épineux débat en écrivant cette mention « Pitié pour leurs neurones en construction », votre remarque m’a poussé à creuser la question 😉

      Ce que je comprends, à la lecture de plusieurs articles, c’est que :

      1. « Le cannabis altère la mémoire immédiate, la concentration, le rappel des souvenirs ou des mots, et peut donc diminuer les capacités d’apprentissage » : cet effet est avéré pendant les quelques heures suivant la consommation.

      2. Au-delà de ces quelques heures, il y a débat sur les effets réels d’une consommation régulière. Jusqu’en 2012, il y avait consensus pour dire que le cannabis n’était pas neurotoxique. Une étude publiée en 2012 a remis en cause cette position pour la 1ère fois, en établissant une baisse de QI significative chez des adultes ayant débuté pendant l’adolescence une consommation régulière. Cette étude a rouvert le débat, sans le clore définitivement.

      3. Plus le consommateur est petit, plus les effets sur le cerveau sont durables et graves. Ainsi, « Le cannabis perturbe chez le fœtus la formation des réseaux de neurones dans le développement du cerveau, ce que confirme la proportion très élevée d’enfants ayant un retard mental chez les mères consommatrices ».

      Qu’en est-il de l’effet d’une consommation passive chez des bébés ou de petits enfants ? Je n’ai pas trouvé d’études sur le sujet. Au vu de ce qui précède, en tant que maman, je choisirais la précaution et serais particulièrement vigilante à ne pas y exposer mes enfants.

      Qu’en pensez-vous ?

      A bientôt sur Parents du 21ème siècle,
      Magali.

      Sources :
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Cannabis_(drogue)#Effets_ind.C3.A9sirables
      https://drogaddiction.com/2012/09/15/preuve-de-la-neurotoxicite-du-cannabis-chez-lhomme-une-premiere-mondiale/
      http://www.lemonde.fr/sciences/article/2012/09/06/le-qi-en-fumee_1756723_1650684.html

  3. Au passage, cette alarme sur l’augmentation des cas d’intoxications au cannabis chez les enfants provient de l’Agence du Médicament (ANSM). On sait que les intoxications médicamenteuses représentent plus de la moitié des intoxications chez les enfants (http://www.previnfo.net/article.php?sid=147), et on estime que plus de 60 000 enfants sont intoxiqués chaque année en France à cause des médicaments autorisés par l’ANSM !
    Que penser de l’ANSM qui alerte les médias sur ces 247 enfants intoxiqués au cannabis (un produit qui n’a heureusement jamais tué personne), alors que ce chiffre représente moins de 0,5% des intoxications médicamenteuses sur les enfants, aux conséquences souvent beaucoup plus importantes et même parfois mortelles ?!
    « Avant d’enlever la paille de l’œil de ton voisin, retire la poutre qui est dans le tien…. »

    • Merci Julien pour cet intéressant article. Celui-ci rappelle bien les proportions : 50% des intoxications annuelles chez les enfants causées par l’ingestion accidentelle de médicaments, 25% par l’ingestion de produits ménagers. Et surtout, il donne d’utiles conseils sur la façon d’éviter les accidents.

      Je ne me prononcerais pas sur la partialité que vous attribuez à l’ANSM. L’alerte sur les intoxications au cannabis me semble utile et nécessaire. Certes elle concerne un faible nombre de cas par an. Mais il s’agit d’un danger nouveau, auquel le grand public n’est pas encore sensibilisé, et dont il est souhaitable de protéger nos enfants.

      Au plaisir de vous lire,
      Magali.

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