Monsieur le Ministre de l’Education nationale,
Chaque jour, je reçois des messages de mes lecteurs – parents d’enfants scolarisés de la maternelle au lycée – déplorant que notre école française n’ait pas évolué depuis des dizaines d’années ; qu’elle démotive les enfants en les enfermant dans un carcan, dans un moule étroit et dépassé.
Bien sûr, il est des enseignants formidables !
Ceux qui redonnent à nos enfants envie d’apprendre, confiance en eux… et des ailes pour voler dans le monde.
Mais reste un lourd malaise pour nous parents : l’écart entre l’école – ses savoirs, ses méthodes, ses priorités – et le monde qui attend nos enfants. Un malaise qui se traduit au quotidien par du stress, de la culpabilité, de la colère, de la tristesse de ne pas réussir à aider nos enfants à réussir et s’épanouir à l’école et dans la vie.
Car nous rêvons légitimement que nos enfants réussissent et s’épanouissent dans la vie, qu’ils soient des acteurs responsables et non des spectateurs impuissants du monde qui les entoure. Et nous avons à juste titre le sentiment que l’école ne les prépare pas à cela. Qu’elle n’a pas pris la mesure du monde complexe, changeant et incertain qui attend nos enfants.
Ce malaise des parents doit être entendu, pour désagréable que soit le message qu’ils portent. Pourtant, ce message n’est aujourd’hui pas entendu. Jusque dans leur entourage, on dit à ces parents de ne pas s’inquiéter, de déstresser :
« Bah, tu es allée à l’école publique, et tu ne t’en es pas trop mal sortie, non ? »
« Ton fils a de bonnes notes, de quoi t’inquiètes-tu ? »
« Ne stresse pas comme ça, en plus ta fille a une bonne maîtresse cette année »
Je crois pourtant fermement qu’ils ont raison d’être inquiets. Ils ont mille fois raison. Et vous le savez. Notre système éducatif décroche aujourd’hui dangereusement de l’excellence mondiale en éducation. Notre école, encore trop tournée vers le passé, ne prépare pas l’avenir de nos enfants.
La désagréable réalité de notre école publique
Ces derniers temps, j’ai par exemple eu l’opportunité d’échanger avec les équipes de France Stratégie.
Note aux lecteurs : si vous ne le connaissez pas encore, France Stratégie est l’organisme rattaché au Premier ministre, dont le rôle est de proposer une vision stratégique pour la France.
Un concentré de (très) brillants esprits sachant analyser tendances et chiffres et travaillant en lien avec les meilleurs experts de la planète.
Si vous avez du temps libre, je vous recommande vraiment d’aller faire un tour sur leur site et d’y découvrir quelques notes sur les sujets qui vous intéressent, c’est passionnant !
Voilà donc ce qu’écrit France Stratégie à propos de notre école :
« Les enseignements tels qu’ils sont dispensés aujourd’hui préparent mal de nombreux élèves aux études supérieures et à l’insertion professionnelle, et ne contribuent qu’imparfaitement à leur donner les outils nécessaires à l’exercice d’une citoyenneté active. Quant au système éducatif, il se caractérise par une grande complexité et une faible efficacité dans l’articulation des différents niveaux de responsabilité »
Extrait de « Quelles priorités éducatives ? Enjeux », mai 2016
Dans la haute fonction publique, on s’exprime dans un langage diplomatique tout en nuances et en précision. Mais vous qui connaissez bien ce langage, vous savez que ces lignes sont celles d’un constat ultra sévère : traduit en français accessible, cela veut dire que l’école ne prépare les enfants ni à trouver leur place dans la sphère professionnelle, ni à devenir des citoyens engagés et actifs, et que l’Education nationale n’a pas le mode d’emploi pour faire mieux. Argh !
Offrons-nous le plein d’optimisme, l’excellence mondiale est à notre portée !
Ce constat déprimant nous condamne-t-il au désespoir ? NON ! Dans l’écart entre l’école d’aujourd’hui et le rêve d’avenir pour nos enfants, des chemins existent.
Car, et c’est là que l’optimisme et l’action sont permis, partout en France et sur la planète, des écoles innovent pour réellement éduquer les enfants à la complexité du monde qui les attend.
Parmi ces écoles, de nombreux parents curieux et éclairés connaissent déjà les pédagogies Montessori, Steiner, Freynet, les écoles démocratiques… l’univers que l’on appelle en France celui des « écoles alternatives ».
Mais parmi ces écoles, il existe aussi des cursus d’excellence mondiale, totalement inconnus en France alors qu’ils remportent un succès qui ne peut plus être ignoré à l’échelle de la planète.
Prenons par exemple l’International Baccalaureate, un cursus dont très peu de parents ont entendu parler en France ; que nous appellerons IB pour éviter la confusion avec notre baccalauréat français.
L’IB est un cursus que j’ai découvert et étudié avec enthousiasme en tant que parent lors de ma récente expatriation en Asie. Un cursus que je projetais depuis longtemps de présenter à mes lecteurs, tant il est porteur de promesses.
Parlons-en donc ensemble !
Le cursus IB a créé à Genève il y a près de 50 ans, pour des élèves de la maternelle au bac. Il est aujourd’hui tout simplement reconnu comme un des meilleurs parcours scolaires à l’échelle mondiale. Toutes les grandes universités de la planète – à l’exception des françaises ! – ouvrent grand leurs portes à ses diplômés.
Un cursus confidentiel ? Elitiste ? Réservé à des familles aisées ?
En France OUI ; à l’étranger NON !
L’IB est un cursus suivi par près de 5.000 écoles et plus d’1 million d’enfants dans le monde… dont plus de la moitié sont des écoles publiques, car ce cursus ne se substitue pas aux programmes scolaires nationaux. Il serait ainsi parfaitement compatible avec les programmes de l’Education nationale.
En Europe, ce parcours est largement diffusé. Sauf en France, qui est le pays européen recensant le plus faible nombre d’écoles IB. Pourtant, le français est – avec l’anglais et l’espagnol – une des trois seules langues dans lesquelles ce cursus peut être intégralement enseigné.
Alors que toutes les conditions semblent favorables, seule une école en France – l’International School of Paris – offre le cursus IB de la maternelle au bac, ce qui est peu vous en conviendrez.
Pourquoi choisir de rester en France dans l’ignorance de pédagogies au succès mondial, appliquées par des milliers d’écoles publiques à travers la planète ?
L’objectif du cursus IB ne paraît incompatible ni avec les objectifs de l’Education nationale de favoriser la réussite de tous et de réduire les inégalités, ni avec l’idéal républicain de Liberté, d’Egalité et de Fraternité :
« L’International Baccalaureate a pour but de développer chez les jeunes la curiosité intellectuelle, les connaissances et la sensibilité nécessaires pour contribuer à bâtir un monde meilleur et plus paisible, dans un esprit d’entente mutuelle et de respect interculturel. Ces programmes encouragent les élèves de tout pays à apprendre activement tout au long de leur vie, à être empreints de compassion, et à comprendre que les autres, en étant différents, puissent aussi être dans le vrai »
Ouvrons le dialogue dès maintenant !
Face aux difficultés de notre système scolaire, à son incapacité à faire face en l’état aux enjeux des prochaines décennies, nous ne pouvons rester impuissants et inactifs.
Soyons modestes et résolus : sans copier des solutions importées de l’étranger – ce qu’une analyse trop rapide des enquêtes et comparaisons internationales pourrait nous inviter à faire – ayons le courage d’engager le dialogue avec ceux qui ont réussi la transformation de leurs systèmes éducatifs.
Des échanges ont déjà lieu entre les équipes en charge de l’innovation et du numérique pour l’Education nationale et des pays européens qui affichent de meilleurs résultats que nous, tels la Finlande et l’Estonie.
Ouvrons plus largement le dialogue, en échangeant par exemple avec les quelques écoles qui offrent depuis longtemps le cursus IB en France, afin de trouver les voies et moyens de la diffusion d’un progrès, appuyé sur la recherche et l’expérience, de la qualité d’enseignement dans l’école publique.
L’autonomie des établissements en laquelle vous croyez – et en laquelle je crois tout autant que vous – est une opportunité attendue d’ouvrir ce dialogue.
Pour que l’école française prépare enfin nos enfants à devenir des acteurs en réussite, confiants et responsables du monde de demain !
BRAVO Magali, je suis entièrement d’accord!
Et il faut aussi une révolution des mentalités, un changement radical dans notre manière de voir les choses.
Le terme de « vieille France » nous colle à la peau et pas que dans le domaine de l’éducation.
Merci Virginie ! Bien d’accord, ce changement ne se fera pas en passant en force, mais en mettant tous les acteurs autour de la table – parents compris ! – et en avançant ensemble pour changer notre façon de voir l’école, sa mission, ses objectifs. C’est exactement le travail que tu fais avec l’association Léopotentiels
A bientôt sur Parents du 21ème siècle,
Magali.
Chère Magali, comme vous j’ai vécu l’experience du IB en Asie. Je travaille maintenant dans une école internationale en Suisse qui l’offre aussi et j’espère comme vous que notre éducation nationale saura s’inspirer de cet excellent cursus. Nos jeunes ont besoin d’un enseignement respectueux et encourageant qui les préparent au monde de demain et qui leur fait prendre conscience de l’impact qu’ils peuvent avoir sur la société qui les entoure. Je vous souhaite pleins succès dans votre démarche! Cordialement