Je vous propose aujourd’hui, une discussion autour des 7 bénéfices de la pratique de la Discipline Positive avec nos enfants.

Il s’agit de la 2ème d’une série de 4 interviews réalisées avec Béatrice Sabaté, Présidente de l’Association Discipline Positive France.

Pourquoi lire cette interview :

Béatrice Sabaté présente dans cette interview l’essence de la Discipline Positive : une troisième voie entre autoritarisme et laisser-faire, qui repose sur l’utilisation simultanée de la fermeté et de la bienveillance. Une approche encourageante pour l’enfant… et qui nous rapproche, nous parents, du parent que nous rêvons d’être !

Si vous ne deviez retenir qu’une idée :

Discipline positive bénéfices
Et si ça se passait comme ça chez vous au dîner ?

Les enfants d’aujourd’hui grandissent dans une société qui a changé, avec entre autre un rapport à l’autorité qui n’est plus le même qu’aux générations précédentes.

Comment le prendre en compte ? Comment continuer en tant que parent à transmettre les valeurs qui nous paraissent essentielles ?

La Discipline positive, qui s’appuie sur l’encouragement de l’enfant par la fermeté et la bienveillance en même temps, offre aux parents une approche qui répond à ce besoin.

Elle permet de transmettre nos valeurs non pas en les imposant, mais en les faisant vivre dans le lien qui nous unit à nos enfants 

Entretien avec Béatrice Sabaté

Magali : Dans le récit de votre parcours, vous expliquez avoir découvert un peu par hasard la Discipline Positive de Jane Nelsen, et les principes d’Adler qui inspirent cette approche. Est-ce une coïncidence : Jane Nelsen elle-même raconte avoir découvert Adler par hasard, à la toute fin de sa formation universitaire ?

Béatrice Sabaté portrait
Béatrice Sabaté, Présidente de l’Association Discipline Positive France

Béatrice Sabaté : Pas vraiment. C’est une conception pas du tout freudienne. A la fac, j’ai fait un diplôme de psycho-pathologie et on ne parle pas d’Adler ! On parle de Freud, de Young, de Lacan.

Adler était un homme incroyablement en avance sur son temps !

Et je crois que c’est aujourd’hui que les principes adlériens trouvent leur place. Parce que c’est aujourd’hui que l’on comprend que le langage de la coopération s’appuie sur la fermeté et la bienveillance simultanées et non pas l’un ou l’autre.

Pendant des siècles, nos sociétés ont été dans des modèles plutôt verticaux, que ce soit pour l’accès au savoir ou le rapport à l’autorité.

Et aujourd’hui, on a des jeunes qui ne manquent pas forcément de respect, mais qui ne connaissent pas – je pense que c’est une méconnaissance – les fondamentaux de la coopération.

Pour eux, coopération, ça veut dire : « tu le fais, pourquoi pas moi ? » C’est à dire même responsabilité, mêmes devoirs, être l’égal de. Alors que ce n’est pas cela dans la conception adlérienne : c’est vraiment donner la même valeur à chaque individu, la même dignité humaine. Et donc, ça, on a besoin de l’apprendre.

C’est vrai pour les jeunes. Mais c’est vrai aussi pour beaucoup d’adultes, qui ont grandi dans un modèle de soumission à l’autorité.

En particulier, comment est-ce que aujourd’hui je garde mon autorité en tant que parent, en tant qu’enseignant, tout en rentrant dans cette coopération qui apporte d’avantage d’égalité sociale, que l’on sait bénéfique pour plein de raisons, mais que l’on ne sait pas toujours pratiquer (Bénéfice n°1). Un certain nombre de compétences psycho-sociales sont nécessaires pour mettre en action ces principes adlériens.

Magali : Faut-il regretter ou se réjouir de la disparition de ce modèle d’autorité verticale dans nos sociétés ?

Béatrice Sabaté : Je crois qu’il ne s’agit pas de diaboliser le rapport à l’autorité verticale. Ca a fonctionné pendant des siècles, on y a trouvé notre compte. Mais aujourd’hui ça ne fonctionne plus, il y a un changement d’époque, de société.

En Discipline Positive on sort du simple concept de boite à outils. Il ne s’agit pas de rester enfermé dans le « cet outil marche, celui-là ne marche pas».

La question que l’on se pose est : « Qu’est-ce que l’outil choisi permet d’enseigner ? Qu’est-ce que j’ai envie de développer chez mon enfant ? Et quels sont les outils dont je vais me saisir pour enseigner ce qui est important pour moi et pour l’enfant ? »

Magali : La Discipline Positive est toute jeune en France. Pour les parents qui ne connaissent pas encore cette approche, comment pourriez-vous la présenter ?

Discipline Positive bénéfices enseignant
Et si on pouvait transmettre efficacement sans imposer ?

Béatrice Sabaté : C’est une pédagogie qui est centrée sur le lien éducatif, l’enseignement des compétences socio-émotionnelles dont on a besoin dans notre société et sur comment développer la coopération dans l’encouragement.

L’appellation « Discipline Positive » a généré bien des questions au début, car dans notre culture française, les deux mots ne vont pas naturellement ensemble.

La question que beaucoup se posaient était : Est-ce que c’est permissif ? Positif ? Une absence de limites ?

Eva Fergusson, la fille de Rudolf Dreikurs, rappelle que « c’est une 3ème voie qui est proposée dans l’approche adlérienne ».

Quand je suis dans la voie autoritariste, la fermeté prime avec un modèle de soumission. Pour moi, parent, c’est plus facile car la solution ne dépend que de moi, l’adulte.

Quand je suis dans un modèle de laisser-faire, qui serait de la bienveillance poussée à son extrême, c’est plus facile car la solution ne dépend que de l’enfant.

La troisième voie, celle que propose la Discipline Positive n’est pas la voie de la facilité mais celle du lien : on ne va pas choisir entre fermeté et bienveillance, on va prendre les deux. A ce moment là, la solution dépend de nous deux ce qui demande davantage de concertation.

C’est un langage à apprendre en famille et en collectivité à l’école.

Magali : Ca n’a pas l’air facile comme ça ! Quel bénéfice les parents peuvent-ils attendre de la Discipline Positive qui leur donne envie de s’engager dans cette démarche ?

Béatrice Sabaté : Ce sont leurs enfants qui vont leur donner envie ! Leur donner envie d’avancer, de changer et grandir ensemble. On a tous envie d’être en lien avec nos enfants. Et la Discipline Positive vise à améliorer la qualité du lien avec nos enfants (Bénéfice n°2).

Un deuxième bénéfice, c’est que cela décharge les parents. Parce que être en contrôle et vouloir faire faire, c’est fatiguant à la longue ! (Bénéfice n°3).

Dans le « Va te coucher » sans autre alternative, notre énergie est centrée sur le fait que l’enfant aille se coucher et qu’il obéisse.

Alors qu’en basculant dans une coopération « Je voudrais qu’à 20h30 tu sois couché. Qu’est-ce qui pourrait t’aider à être prêt dans les temps ? » l’enfant est impliqué sur le comment et non sur la limite. Inévitablement, l’énergie est décentrée pour se poser sur le lien et la coopération : le « Tu vas faire ça comme ça » devient : « Comment est-ce que tu vas le faire ? ». Ceci peut être source de beaucoup de satisfaction, d’efficacité (Bénéfice n°4) et de lien.

Ca ne fait pas de nous des parents parfaits, ça ne fait pas de nous des enseignants parfaits. Mais le bénéfice, c’est que parents et enfants sont engagés dans la relation dans un cadre ferme et bienveillant.

Magali : La Discipline Positive fait-elle partie de ce mouvement de l’éducation positive dont on entend parler dans la presse depuis quelque temps ?

Béatrice Sabaté : Toutes les approches regroupées sous le chapeau de l’éducation positive ont des racines communes ! Maintenant, chacune a ses spécificités, et c’est important de les expliquer pour que les parents ne s’y perdent pas.

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Renforcer les liens avec son enfant

Magali : Quelle est la spécificité de la Discipline Positive?

Béatrice Sabaté : Le point fort de la Discipline Positive, c’est la posture du formateur dans les ateliers et les formations.

La Discipline Positive prône la coopération plutôt qu’un modèle vertical.Cela nous paraît fondamental que l’attitude du formateur soit cohérente avec ce qu’il partage.

Du coup on ne propose pas simplement une boite à outils mais une démarche de co-construction que le parent peut s’approprier.

Magali : Qu’est-ce que les parents vont trouver concrètement en participant à un atelier Discipline Positive ?

Béatrice Sabaté : Souvent, les parents viennent aux ateliers parce qu’ils ont un problème spécifique avec leur enfant. Ils vont trouver des activités pratiques pour intégrer l’approche, de l’échange de pratique entre parents, une théorie solide et beaucoup de recherches de solutions (Bénéfice n°5).

La force de la Discipline Positive, c’est de combiner des outils de l’encouragement avec une démarche.

Magali : En quoi la démarche est-elle si importante ?

Béatrice Sabaté : Ce qui est proposé en Discipline Positive c’est bien sûr une boîte à outils mais c’est avant tout une démarche (Bénéfice n°6). L’outil découle d’un processus créatif et donc personnel. Il n’existe pas d’outil qui fonctionne pour tous les enfants, cela relèverait de la recette de cuisine.

Il n’y a pas une façon d’encourager, il n’y a pas une façon d’être bienveillant. Par exemple, le message en « JE » qui est un des outils que nous proposons : ce message s’il est utilisé tout seul, c’est comme du prêt à éduquer.

Et d’un coup, on risque de se dire : « ça marchait avec mon 1er enfant, mais ça ne marche pas avec mon 2ème ». C’est bien souvent parce que l’outil est déconnecté de la démarche. A partir des besoins de l’enfant, chaque parent va choisir ce qui lui convient tout en étant dans la démarche de co-construction.

Magali : Que disent les parents qui ont suivi les ateliers ?

Béatrice Sabaté : Les témoignages sont très variés. Ca va aller de la fulgurance : tout à coup, je prends conscience qu’il s’est passé quelque chose, et ça va changer ma façon de faire pour toujours. Chez d’autres, ça va se faire de façon progressive. Et d’autres ne savent pas exactement ce qui a changé, mais les choses ont changé.

Mais ça va bien souvent vers une sorte d’apaisement dans son rôle de parent. On est plus proche du parent que l’on a envie d’être. C’est comme si on avait rapproché notre idéal de notre réalité (Bénéfice n°7).

Il y a toujours un espace, mais l’écart est moins grand. On fait des choix qui ne sont pas le résultat de notre disque dur, qui nous vient des générations précédentes, on fait des choix qui sont moins de l’ordre du réflexe à chaud, puisqu’on va travailler l’identification du besoin derrière le comportement.

Les parents disent faire des choix plus bienveillants, plus proches du monde de leur enfant. Ils deviennent co-pilote de la trajectoire de leur enfant, ce qui rééquilibre pour certains le partage des responsabilités et de l’engagement.

C’est un chemin à long terme. Il y a des parents qui vont être enthousiasmés, puis ça va s’étioler, puis ils vont y revenir. Chacun y trouve ce qu’il est prêt à faire émerger.

Pour aller plus loin : 

Consultez les deux livres de Jane Nelsen vendus à plusieurs millions d’exemplaires dans le monde, traduits et adaptés en français, par Béatrice Sabaté. 

Pour en savoir plus, cliquez sur l’image : 

La Discipline Positive, Jane Nelsen
La Discipline Positive pour les adolescents, Jane Nelsen

Crédit photo : Syda ProductionsDeeMPhotographyPavla Zakova

 

 

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