J’ai l’immense plaisir d’accueillir aujourd’hui sur le blog Edwige Plé, co-fondatrice de l’association Dessine-moi une étincelle. Ancienne enseignante et directrice d’école, Edwige s’est d’abord intéressée aux enfants en souffrance à l’école : comment mieux les accompagner ? Avec quelles approches, quels outils ?

De fil en aiguille, elle a élargi sa réflexion à une question qui me tient particulièrement à coeur : resituer les difficultés et challenges de l’école dans le contexte de notre société en pleine mutation. De quelle école nos enfants ont-ils besoin aujourd’hui ? Qu’ont-ils besoin d’apprendre pour réussir, pour devenir acteurs de leur avenir ? Qu’est-ce qui fait qu’on ne peut plus éduquer aujourd’hui comme hier ?    

 

Transition écologique, transition énergétique, transition démocratique, transition économique, transition numérique… et l’éducation dans tout ça ?

Nous faisons face à des défis auxquels l’humanité n’a jamais été confrontée. Cela nous invite indiscutablement à nous interroger collectivement sur le rôle de l’éducation pour préparer les jeunes générations au monde qui les attend demain et à sa complexité.

Révéler les talents, développer les capacités naturelles, donner confiance, développer les interactions et la coopération, autant de pistes que les sociologues nous encouragent à emprunter pour construire ensemble la Transition Educative indispensable.

Nous entendons souvent la fameuse phrase “Ah, c’était mieux avant !”, mais est-ce vraiment le débat à mener ? Laissons le passé en paix, il est tel qu’il était et c’est bien ainsi. Il répondait pleinement aux besoins de l’ère industrielle. L’idée n’est pas de faire le procès de qui que ce soit ou de quoi que ce soit, mais bien d’observer le présent et de s’y adapter.

“Lorsque souffle le vent du changement, certains construisent des murs, d’autres des moulins”. Ce qui est certain c’est que ces murs n’empêcheront pas le vent de souffler, alors renforçons les ailes de nos moulins pour accueillir ce vent du changement.

L’école a été pensée jadis pour répondre à un défi de taille : l’accès à l’éducation. Nous pouvons nous féliciter aujourd’hui de constater que ce défi de massification a été relevé avec brio, il y a 100 fois plus d’élèves qui passent le bac de nos jours qu’au temps de nos grands-parents. L’école préparait à des métiers inscrits dans une société industrielle. Les élèves qui faisaient la différence étaient ceux qui obtenaient leur Bac… mais est-ce vraiment toujours l’unique condition de réussite…

Le sens et les attentes de l’école aux yeux des jeunes sont-ils les mêmes qu’il y a 50 ans ? Ont-ils les mêmes besoins ?

Des enfants acteurs de leur avenir !

La révolution numérique et la mondialisation ont bouleversé les repères d’antan. Quels seront les emplois de demain ? On ne le sait pas, la seule chose qu’on nous dit c’est que l’ensemble des métiers d’aujourd’hui vont soit se réinventer, soit disparaître. On a besoin de former les élèves non pas à des métiers d’hier mais à être créateurs de leurs futurs métiers, de leurs propres avenirs.

Cela suppose de les former à être créatifs mais aussi à coopérer, à comprendre la complexité du monde et à comprendre les opportunités pour pouvoir les saisir. Pour les saisir il faut savoir qui on est, quelles sont ses envies, quel est le sens de ce qu’on fait.

Nous devons accompagner les plus jeunes dans leurs questionnements en leur offrant des manières d’être des acteurs de changement. Nous devons passer d’une école des connaissances à une école des compétences. C’est ainsi qu’ils réussiront.

Les jeunes le savent car ils vivent pleinement dans ce monde complexe. Ils ressentent clairement leurs besoins. Ne nous étonnons donc pas d’observer de plus en plus d’élèves qui se débattent dans ce moule trop étroit pensé il y a bien longtemps et qui les étouffe.

Arrêtons de leur mentir en leur disant qu’ils réussiront leur vie à condition qu’ils obtiennent le bac avec mention ! C’est les mettre sur le chemin d’une désillusion douloureuse et ils le savent bien. Ils auront besoin de compétences bien plus larges qu’un diplôme.

La société a évolué et donc inévitablement la vie à l’école est en plein bouleversement :

  • Au XXIème siècle, les élèves ont accès à l’information en temps réel, absolument partout. Les capacités qui ont fondé une bonne partie de l’éducation (mémoriser ou calculer) ne sont plus les plus importantes à leurs yeux car le rapport au savoir a changé. Pour eux, l’enseignant ne représente plus la personne qui détient le savoir.
  • De plus, cet accès si simple à l’information amène nos enfants à vivre dans l’infobésité. Ils ont davantage besoin de développer des capacités d’analyse et d’esprit critique, de protection et aussi être capable de se recentrer : c’est le temps du tout, tout de suite, tout le temps ! Ils doivent faire face à une véritable frénésie de l’instantané.
  • La relation aux autres s’est également modifiée avec l’apparition des réseaux sociaux. Ils vivent une relation aux autres de plus en plus “numérique” et complexe à gérer.
  • Dominance des écrans, sédentarité, alimentation… tellement de paramètres ont changé ! Nous pouvons leur permettre de se questionner et de s’outiller afin qu’ils s’adaptent sans oublier l’essentiel : eux !

Un des piliers de cette transition éducative est de leur permettre de développer leurs compétences psychosociales

“Les compétences psychosociales sont la capacité d’une personne à répondre avec efficacité aux exigences et aux épreuves de la vie quotidienne. C’est l’aptitude d’une personne à maintenir un état de bien-être mental, en adoptant un comportement approprié et positif à l’occasion des relations entretenues avec les autres, sa propre culture et son environnement” (définition de l’Organisation Mondiale de la Santé – OMS)

Concrètement c’est : savoir prendre des décisions, avoir une pensée créative, avoir une pensée critique, savoir communiquer efficacement, être habile dans les relations interpersonnelles, avoir conscience de soi, savoir gérer ses émotions…

Des Transitions il y en a eu bien d’autres et l’humanité a survécu. C’est simplement inconfortable car nous évoluons sans filet et cela peut générer des peurs, mais ne laissons pas nos peurs prendre le dessus et nous enfermer dans le passé.

On peut passer des heures et des heures à remettre en cause le système, la seule raison qui nous empêche d’agir c’est nous-mêmes.

Nous avons été capables d’améliorer nos voitures, notre couverture santé, nos pages Facebook… Il est de notre devoir de faire la même chose pour notre système éducatif. Il n’y a pas UNE solution, mais des conditions reconnues à partir desquelles nous avons tout ce qu’il faut pour nous adapter et créer ensemble.

Soyons positifs et volontaires pour la jeunesse qui représente 100 % de notre avenir ! Ce n’est pas l’ère de l’enfant roi, bien au contraire, il s’agit de leur offrir un cadre sécurisant où ils sauront trouver ce dont ils ont besoin pour prendre leur envol sereinement dans ce monde complexe en s’appuyant sur leurs talents tellement précieux. Ne percevons pas là une utopie mais bien une réalité que nous sommes capables d’atteindre !

Le message que nous livre le XXIème siècle est d’être capable de revenir à l’essentiel au milieu de ce tourbillon d’informations et d’innovations pour être en mesure d’y évoluer avec grâce et performance. Et il nous offre toutes les connaissances nécessaires notamment à travers les recherches effectuées en neurosciences.

Alors construisons et agissons pour permettre aux apprenants de découvrir toutes les Etincelles dont ils disposent pour pouvoir briller !

Edwige Plé

Psychopédagogue

Co-fondatrice Association Dessine-moi une Etincelle

https://association.dessinemoi1etincelle.fr/

 

 

Crédit photo : nvphoto

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